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Mary Einbinder

LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EST SEXISTE: Appel à l’action pour le climat et son impact sur le genre

Le 26 novembre 2024, CARE Belgium a organisé son premier événement de plaidoyer dans le cadre de la campagne globale de CARE International intitulée « LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EST SEXISTE », mettant en lumière l'impact du changement climatique sur les inégalités de genre.


L'événement, modéré par la journaliste Solène Ducretot, s'est tenu à l'institution culturelle Cinéma Flagey. Cette soirée a réuni des défenseurs du climat, des représentants de la société civile, des militants, des organisations internationales et des décideurs politiques pour discuter de l'intersection entre le genre et l'action climatique.


Les panélistes — Marie Leroy, experte climat chez CARE France, Dr. María Martín de Almagro, professeure-chercheuse à l'Université de Gand, et Sophie Rohonyi, présidente d'un parti politique et du Conseil des femmes francophones — ont débattu des impacts disproportionnés du changement climatique sur les femmes, en particulier dans les pays du Sud global, ainsi que de l'importance de leur inclusion dans les initiatives climatiques pour des solutions plus efficaces, équitables et durables.


L'événement s'est clôturé par la projection du film Amazonia : The Heart of Mother Earth, co-produit par Gert-Peter Bruch et la Princesse Esmeralda de Belgique, présidente d’honneur de CARE Belgium. 




Comment le changement climatique affecte-t-il les femmes et les filles ?


Le changement climatique exacerbe les inégalités de genre déjà existantes, et les femmes, en particulier dans les communautés vulnérables, sont souvent les plus durement touchées. Sécheresses, inondations, ouragans et températures en hausse affectent particulièrement les femmes. Elles sont souvent les premières à se priver de repas en cas de sécheresse ou de famine et doivent parcourir des kilomètres chaque jour pour aller chercher de l’eau et subvenir aux besoins de leur famille. Durant les périodes d’instabilité causées par le changement climatique, il y a une nette augmentation des violences basées sur le genre. Par exemple, en période de crise, les filles sont souvent exposées à des mariages forcés.


Un aspect important de la vulnérabilité des femmes réside dans leur accès limité aux ressources comme l’eau, la terre et le crédit, et leur capacité réduite à en prendre le contrôle. Cette vulnérabilité est particulièrement marquée dans les zones rurales, où les femmes dépendent souvent de l’agriculture de subsistance pour assurer la survie de leur famille. Enfin, les femmes représentent la grande majorité des victimes des catastrophes liées au climat. Elles ne savent souvent pas nager, doivent s’occuper des enfants et des personnes âgées, ou ne reçoivent pas les informations concernant les alertes et les plans d’évacuation.


Lors de cet évènement de plaidoyer, les panélistes ont su démontrer l’importance d’une approche plus inclusive dans l’action climatique, une approche qui écoute et intègre les voix des femmes, garantissant que les solutions climatiques soient à la fois durables et inclusives pour toute la société.


Comment les femmes et les filles peuvent-elles devenir des actrices du changement ?


Bien que les femmes soient parmi les plus touchées par le changement climatique, il est crucial de reconnaître leur pouvoir en tant qu’actrice de changement. Plutôt que d’être considérées uniquement comme des victimes, leurs rôles en tant que leaders, décideuses et participantes actives aux solutions climatiques ont été mis en lumière lors de l’événement. Elles ne sont pas seulement les plus impactées par le changement climatique mais sont aussi au cœur des pratiques de résilience climatique. 


Nos équipes le constatent partout dans le monde : les femmes sont souvent les premières gardiennes des ressources naturelles, partagent et transmettent leurs savoirs à leurs communautés et leurs familles. Bien souvent, elles conçoivent et mettent en œuvre des solutions innovantes, efficaces et peu coûteuses. Cependant, elles font face à de nombreux obstacles qui entravent pleinement leur potentiel : niveaux d’éducation plus bas, manque d’accès à l’information sur le changement climatique, exclusion des systèmes d’épargne et de crédit pour les entrepreneuses, etc.



Marie Leroy a insisté sur le besoin du renforcement des capacités des femmes et des groupes marginalisés par le biais de formations techniques (telles que les formations aux pratiques agricoles résilientes au climat) et d’initiatives de renforcement de la confiance en soi (comme le leadership et les compétences en négociation). Par exemple, le projet She Grows the Future, déployé en Équateur, à Madagascar, au Vietnam et en Inde, développe des écoles d’agroécologies fournissant des formations à plus de 5 000 femmes rurales marginalisées afin de diversifier leurs sources de revenus, à adapter leurs techniques agricoles et à se mettre en réseau pour influencer les politiques publiques locales. Ce projet s’inscrit dans la philosophie écoféministe qui place les femmes au cœur des solutions innovantes d’adaptation au changement climatique.


Pourquoi inclure spécifiquement les femmes dans le processus décisionnel ?


Les femmes représentent la moitié de la population mondiale. Garantir des initiatives climatiques inclusives et équitables est essentiel pour que toutes les personnes affectées par le changement climatique puissent avoir une voix dans l’élaboration des solutions. Il ne s’agit pas seulement d’inclure les femmes, mais d’assurer leur participation significative et équitable à toutes les étapes du processus d’action climatique : conception, mise en œuvre et évaluation.


Dr. María Martín de Almagro a souligné que les femmes ont historiquement dirigé de nombreux mouvements environnementaux, privilégiant souvent le bien-être social et écologique par rapport à la croissance économique. Leur leadership a permis d’apporter des solutions plus holistiques et durables aux problèmes environnementaux. Les femmes excellent souvent dans les organisations locales, où elles mènent des efforts communautaires pour lutter contre le changement climatique, notamment par des réseaux communautaires offrant du microcrédit et des formations agricoles.



Les femmes agricultrices, par exemple, ont développé des connaissances et des stratégies importantes pour faire face et s’adapter au changement climatique, telles que l’utilisation de semences résistantes à la sécheresse, l’application de pratiques agricoles durables et la direction d’efforts communautaires en matière de reforestation. Les femmes autochtones, en particulier, apportent des connaissances traditionnelles inestimables qui ont aidé à conserver la biodiversité et à gérer les ressources naturelles en harmonie avec la nature.


Malheureusement, les femmes continuent d’être largement sous-représentées dans les organes de négociation climatique, à la fois au niveau local et international. Par exemple, lors de la COP29 à Bakou, sur les 78 chefs d’État représentés, seulement 8 étaient des femmes, soit un peu plus de 10 %. Ce déséquilibre ne se limite pas aux sommets mondiaux : en 2022, les femmes ne détenaient que 26 % des sièges parlementaires dans le monde. Bien que des progrès aient été réalisés, ils sont lents et insuffisants pour répondre aux exigences de justice climatique.


Ce problème n’est pas propre aux sommets internationaux. Par exemple, comme l’a souligné Sophie Rohonyi, seulement 11 % des ambassadeurs belges sont des femmes. Même dans les pays où il existe une certaine représentation de genre, le leadership des femmes dans la diplomatie climatique et la prise de décision reste limité. La situation souligne un problème plus large : bien que les femmes soient parfois incluses dans les processus décisionnels, elles ne sont ni représentées ni habilitées à diriger de manière équitable.



Les propositions et contributions des femmes sont souvent ignorées ou rejetées en raison de biais de genre, ce qui réduit leur capacité à influencer les décisions, comme l’indique le nouveau rapport de CARE “Beyond a Seat at the Table: Pathways for gender-equitable participation in climate adaptation decision-making”. Une véritable inclusion nécessite aux femmes d’être présentes mais pas uniquement; elle exige qu’elles aient la même voix que les hommes ainsi qu’une réelle influence dans la prise de décision des politiques et actions climatiques.


Nous devons toutefois rester attentifs aux effets néfastes qui surviennent lorsque l’on impose de nouvelles responsabilités aux femmes sans leur fournir les ressources adéquates (matérielles, temporelles, capital social) pour accomplir ces tâches. Par exemple, dans certains programmes, des femmes ont été formées pour devenir médiatrices de conflits dans leurs communautés, mais sans disposer des ressources nécessaires pour mener à bien ces tâches.


Quel est le rôle du plaidoyer ?


Dr. María Martín de Almagro a souligné l’importance du plaidoyer pour promouvoir une action climatique ambitieuse. Il faut également s’assurer que les financements climatiques atteignent les personnes les plus touchées par le changement climatique, en particulier les organisations dirigées par des femmes. Bien que de nombreuses organisations locales de femmes luttent activement contre le changement climatique, moins de 1 % des financements climatiques internationaux sont destinés à des initiatives dirigées par des femmes.


CARE plaide pour des politiques climatiques transformatrices en menant l’accent sur la recherche et en luttant pour que le financement du climat prenne en compte les inégalités de genre.


Nous devons remettre en question les normes discriminatoires en impliquant les communautés entières. C’est en impliquant notamment les hommes et les garçons que les attitudes sociétales évolueront afin de reconnaître et valoriser le rôle des femmes dans l’action climatique et les processus décisionnels.



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